Raymond, tu en es où de l’Egalité Filles-Garçons ? - Retour sur une action phare de la semaine du 8 mars 2023 au collège Queneau.
Entre le 6 et 10 mars et même un peu plus, les élèves du collège étaient invités à s’exprimer. Des fiches repositionnables étaient à disposition et chaque élève, seul ou en groupe pouvait venir coller son papier et livrer à sa guise, réflexions, remarques, questions... sur le thème de l’Egalité Filles-Garçons au sein de l’établissement.
D’abord timidement, quelques papiers de couleur ont été affichés sur les tableaux blancs disposés en triangle au milieu du forum. Bientôt, des dizaines de papiers sont venus les rejoindre, formant des chaînes de messages où les différents auteurs se répondaient parfois, approfondissaient une remarque, ajoutaient un cœur ou les symboles Femme et Homme de part et d’autre d’un gros signe égal. A notre grande satisfaction les élèves se sont emparé de cet espace.
Alors que disent-ils, que disent-elles ?
Il apparaît que la notion d’égalité des droits est souvent mal comprise et un certain nombre de messages revendiquent une supériorité physique (endurance, force...) du corps masculin sur le corps féminin entérinant une inégalité biologique qui justifierait une inégalité des droits entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons. Dans le même temps, un certain nombre de jeunes filles répondent, amusées ou excédées, qu’elles ont pléthore d’exemples de garçons qu’elles battent régulièrement à la course ou dans d’autres activités physiques en EPS.
les filles sont nombreuses à dire qu’elles peuvent aimer le foot, jouer au foot (c’est vraiment le sport le plus cité !), pratiquer des sports de contact... aimer les sciences et ne rien renier de leur féminité.
elles indiquent aussi qu’un certain nombre de garçons se posent en arbitres de ce qu’est une fille, ce qu’elle doit être, faire et porter. Posture que les filles adoptent plus rarement. Quand les injonctions fusent, elles viennent majoritairement des garçons.
certaines filles ont déjà eu à endurer des remarques ouvertement sexistes, déplacées voire insultantes les jours où elles décident de venir en jupe ou en robe au collège. Elles font état d’un « ras-le-bol » certain de toutes ces remarques sur leur tenue, leur corps...
la tenue a donné lieu à de nombreux messages. Les élèves réclament le droit de s’habiller comme ils le souhaitent sans distinction de genre. Les filles remarquent qu’un short court pour une fille, au sein de l’établissement, est sanctionné quand les garçons sont laissés tranquilles. Elles réclament la même politique en matière d’habillement, pour les filles et les garçons.
pour certains garçons, l’égalité filles-garçons est « logique », « évidente », « acquise », et ils ne comprennent pas pourquoi la lutte en faveur de l’égalité des droits se poursuit.
pour de nombreuses filles, en revanche, la lutte pour l’égalité des droits est nécessaire.
Manifestement, cette action a libéré la parole de nombre de nos élèves et les messages hostiles ou facétieux ont été, somme toute, peu nombreux.
La question est de savoir ce que nous faisons maintenant de tous ces messages. Quelle réponse apporter aux questions, aux remarques de nos élèves ? Quelles actions mettre en place pour améliorer la mixité au sein de notre collège ? La réécriture du projet d’établissement et du règlement intérieur sont une première piste. Nul doute qu’il faudra y associer les élèves. L’état des lieux n’est pas catastrophique mais il reste du chemin à parcourir. Rien d’impossible pour les femmes et les hommes, les filles et les garçons de bonne volonté !
Patricia Di Donato